Les réponses des candidates et des candidats à la présidentielle

France Université & Recherche adresse aux équipes des candidates et des candidats à l’élection présidentielle une liste de questions qui intéressent l’ensemble de la société et qui permettent de mesurer la place de la recherche, de l’enseignement et de l’Université dans leur vision de notre avenir collectif. Les réponses seront publiées au fur et à mesure de leur réception:

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Les questions sont organisées en neuf grandes sections :

I. Santé

  1. Quelles mesures concrètes comptez-vous prendre en matière de recherche, de prévention, de politique vaccinale et de reconstitution d’un arsenal sanitaire large pour protéger la santé publique ? 
  2. La question du maillage sanitaire du territoire est cruciale pour une politique de prévention médicale efficace. Quels moyens humains ce maillage implique-t-il ? Que pensez-vous de la création d’éventuels corps publics d’arpenteurs médicaux, d’infirmiers et de médecins généralistes de proximité ? 
  3. La pandémie a montré la nécessité d’un maillage sanitaire pérenne doublé de capacités hospitalières accrues et d’une meilleure formation continue des personnels de la santé et du soin à l’évolution des connaissances scientifiques. Quelles sont les implications de ce constat pour la réorganisation du système hospitalier et hospitalo-universitaire ?
  4. La pandémie de SARS-CoV-2, virus qui se transmet par voie d’aérosols, a rappelé que la qualité de l’air est un enjeu sanitaire majeur des décennies à venir. Quelles mesures comptez-vous prendre et quels investissements consentir pour en faire un bien commun ?
  5. Certaines activités humaines, l’élevage intensif en particulier, favorisent l’émergence d’épidémies à une fréquence croissante. Quelles mesures comptez-vous prendre pour les réguler ? Comment suivre les zoonoses et leurs implications sur la santé humaine ?
  6. Une analyse systématique de la toxicité des produits chimiques a été lancée en 2007 au niveau européen (le programme REACH). Comment comptez-vous la relancer au niveau national ?

II. Climat et environnement

  1. L’insuffisance des mesures décidées lors de la COP26 à Glasgow (novembre 2021) tend à montrer que le format COP ne permet pas l’adoption de mesures à la hauteur des enjeux climatiques. Quelles initiatives nationales et internationales entendez-vous prendre précisément pour limiter les causes et conséquences du changement climatique ?
  2. Certaines causes de l’érosion de la biodiversité terrestre et aquatique, l’effet des néonicotinoïdes par exemple, font l’objet de consensus scientifiques. Quelles mesures concrètes comptez-vous prendre pour protéger cette biodiversité ?
  3. Des bouleversements considérables du climat et de la biodiversité sont maintenant inéluctables. Quelles politiques d’adaptation comptez-vous mettre en place sur le territoire national ? Quelles sont, selon vous, les responsabilités de la France envers les pays et les territoires qui en feront les frais les premiers ? Comment anticipez-vous ces évolutions pour empêcher qu’elles ne mettent en péril la paix, la liberté politique et la cohésion des sociétés en France et dans le monde ?

III. Climat et énergie

  1. Que proposez-vous face aux défis majeurs de la filière nucléaire : engorgement des déchets, fragilité financière et commerciale, problèmes répétés sur la conception et la réalisation des futurs réacteurs, perte de savoir-faire technique lié à la désindustrialisation et à la sous-traitance, transparence de l’information, inquiétude du public sur les risques d’accident et insuffisance des assurances ?
  2. Quel objectif de consommation énergétique (en GW, en moyenne sur un an) fixez-vous pour la France à l’horizon 2040 ? Quel mix énergétique proposez-vous pour aboutir à la production rendue nécessaire par ce niveau de consommation ? Quelles dispositions précises entendez-vous prendre pour passer du mix actuel à cet objectif ?
  3. Le transport routier représente une part importante de l’empreinte carbone française. Quel projet urbanistique entendez-vous mettre en œuvre pour décarboner les transports individuels et de marchandises ?
  4. Quelle politique de rénovation du bâtiment pour promouvoir isolation, qualité de l’air, qualité de l’eau et qualité de vie entendez-vous mettre en œuvre ?
  5. Pour 2 euros investis dans les énergies fossiles, 1 euro est investi aujourd’hui dans le renouvelable. Comptez-vous modifier ce rapport et, si oui, comment ? Quelle politique fiscale entendez-vous mettre en place sur les produits financiers qui persistent à financer les énergies fossiles ?

IV. École

  1. Depuis deux décennies, l’Éducation Nationale endure réforme sur réforme. Allez-vous procéder à un bilan des réformes successives (formation des enseignants, concours, programmes des lycées, autorité fonctionnelle des directeurs d’école, etc.) ?
  2. Les concours de recrutement des enseignants font aujourd’hui face à une crise des vocations considérable. Quelles sont vos propositions pour la formation initiale et le recrutement ? Pourriez-vous mettre en œuvre un pré-recrutement des enseignants dès le premier cycle universitaire pour résorber la crise des vocations et garantir une meilleure formation initiale ? 
  3. Avec les modalités de la formation initiale, l’écrasement des carrières est l’autre grand facteur explicatif de la crise des vocations enseignantes. Quelles sont vos propositions pour l’affectation, la rémunération et la formation continue dans les métiers de l’enseignement ?
  4. Les politiques gouvernementales de ces dernières décennies ont fait le choix de favoriser et de développer l’enseignement privé, par toutes sortes de moyens (financement public des établissements privés, réforme à petit bruit des concours du privé, déstabilisation permanente du secteur public, etc.). Entendez-vous abroger ces dispositions et refaire de l’enseignement public le cadre de référence des politiques éducatives ?
  5. Quelle politique envisagez-vous de mener pour l’enseignement de la logique, des modalités de raisonnement, de l’expérimentation et de la confrontation des sources spécialisées sur une question donnée ?

V. Aménagement du territoire

  1. Les mutations écologiques en cours imposent de relocaliser la production de biens de consommation et de favoriser leur distribution en circuits courts. Quelle politique industrielle entendez-vous mettre en place à cette fin ?
  2. Les politiques récentes d’aménagement du territoire ont paru inspirées par une opposition entre des métropoles « créatives / innovantes » et un arrière-pays aux fonctions floues, et où la place de la production industrielle n’est que rarement définie. Quelle politique d’aménagement du territoire comptez-vous mettre en place pour résoudre les problèmes engendrés par cette division territoriale du travail ?
  3. L’Université joue un rôle fondamental dans le dynamisme des territoires et dans la garantie de la cohésion sociale et géographique du pays. De nombreuses régions profiteraient de nouveaux établissements d’enseignement supérieur, à taille humaine, proposant des formations exigeantes, et dotés d’importantes cités universitaires ouvertes sur la ville. Vous engagez-vous à ouvrir de telles universités expérimentales à travers le pays et combien ?
  4. À l’Université, la garantie de la continuité territoriale et l’assurance d’une forme de diversité intellectuelle dans les disciplines émergentes ou à petits effectifs nécessitent de retirer la politique de recrutement des enseignants-chercheurs aux établissements, pour la confier à des instances nationales pluralistes et transparentes. Quel dispositif de recrutement national entendez-vous défendre ? Comment garantir ensuite une affectation des recrutés en phase avec leurs projets scientifiques et avec les besoins locaux ?
  5. Dans quelle mesure pensez-vous que les inégalités territoriales devant l’enseignement, la culture et la langue soient liées à un manque de bibliothèques et médiathèques ouvertes sur la ville et qui proposeraient des programmes de médiation culturelle ? Quelle articulation proposez-vous entre les bibliothèques scolaires, universitaires et municipales ?

VI. Rôle démocratique de l’Université et de la recherche scientifique

  1. Selon vous, le développement de la recherche doit-il se faire en prenant « l’économie de la connaissance » comme boussole ? Le cas échéant, comment la définissez-vous, et quelle place envisagez-vous pour les Sciences Humaines et Sociales (SHS) dans cette politique ?
  2. Quel est le rôle social et politique de l’Université ? La considérez-vous comme une institution unifiée ou bien souscrivez-vous à une politique de différenciation des missions entre les établissements ? Si oui, que signifie cette notion à vos yeux ? Y a-t-il des universités qui ne seraient pas « de recherche » ? 
  3. Croyez- vous important de garantir la liberté académique  ? Quel doit être son périmètre, et pourquoi ? Y a-t-il selon vous des menaces immédiates contre cette liberté en France, et lesquelles ? Quelle serait votre politique pour garantir cette liberté ?
  4. Comment entendez-vous protéger l’indépendance des formations universitaires et de la recherche vis-à-vis des pouvoirs économiques, et en particulier de ceux dont les intérêts vont contre les impératifs climatiques et environnementaux ?
  5. Comment envisagez-vous la diffusion des connaissances vers la société ? Entendez-vous instituer un organisme sur le modèle du Science Media Center britannique pour gérer l’interface avec les médias ?
  6. Comment envisagez-vous l’interaction entre les scientifiques et la décision politique ? 

VII. Université

  1. Quelle doit être la place de l’Université dans l’écosystème de l’enseignement supérieur ? Quelle place voyez-vous pour les grandes écoles et les classes préparatoires, ainsi que pour l’enseignement supérieur privé relevant de fonds privés ou géré par des associations cultuelles ?
  2. De combien d’enseignants-chercheurs titulaires la France a-t-elle besoin selon vous pour garantir la continuité territoriale de formations disciplinaires et interdisciplinaires exigeantes ? Combien d’agents administratifs titulaires faudrait-il recruter en outre pour permettre un bon fonctionnement de l’Université ? Vous engagez-vous à porter le budget de l’Université (Programmes 150 et 231 de la MIRES) à 24 Md€ en 2027 ? Si la réponse est non, quel serait pour vous un budget raisonnable pour faire vivre l’Université ?
  3. Depuis 2020, les files d’étudiants devant les distributions alimentaires des associations sont devenues une réalité durable en France. Le coût du logement dans les villes universitaires contribue tout particulièrement à cette situation qui obère l’avenir de la jeunesse et pèse sur la qualité des formations reçues. Vous engagez-vous à verser une allocation d’autonomie étudiante ? Si oui, comment la financerez-vous ? Quelles sont vos propositions pour le logement et l’urbanisme universitaires ?
  4. La démographie conduit à une augmentation considérable du nombre de jeunes aux portes des formations supérieures, et notamment des Licences et des Masters. Le nombre de Licenciés refusés à l’entrée des Masters est en très grande croissance. Quelles perspectives envisagez-vous pour ces jeunes ?
  5. D’après la Cour des comptes, l’alternance s’est développée essentiellement dans les secteurs où l’insertion professionnelle est déjà bonne, et devrait donc avoir un « effet net sur l’emploi [...] vraisemblablement faible ». L’aide « exceptionnelle » à ce dispositif devrait coûter 5 Md€. Comptez-vous reconduire cette aide, la développer ou la transformer ? Envisagez-vous de généraliser l’alternance à l’Université ? 
  6. Le service public de l’enseignement supérieur a actuellement 11 missions. Comptez-vous modifier cette liste ? Etes-vous en mesure de donner un ordre de priorité à ces missions ?
  7. Comptez-vous abroger la suppression du DUT, qui s’est faite dans une logique de gestion des flux d’étudiants au détriment des familles, entreprises et équipes pédagogiques ?

VIII. Recherche fondamentale et appliquée

  1. Quelle politique comptez-vous mettre en œuvre pour faire vivre la recherche fondamentale et la valorisation de la recherche ? Entendez-vous augmenter ou réduire les financements sur appels à projet (PIA, ANR, etc.) ?
  2. Les controverses scientifiques récentes, notamment depuis le début de la pandémie, ont montré à quel point le poids de la parole scientifique auprès du grand public doit être garanti par l’indépendance statutaire des chercheurs. À combien de chercheurs titulaires et combien de personnels d’appui et de soutien titulaires estimez-vous les besoins pour redonner à la recherche française l’envergure quantitative de ses voisins tout en garantissant l’indépendance de la recherche ? À quel montant porteriez-vous le budget salarial des organismes de recherche à l’issue du prochain quinquennat ?
  3. Au sein de quel périmètre ministériel entendez-vous placer l’Université d’une part, et la recherche d’autre part ? Un ministère de plein exercice unissant enseignement supérieur et recherche ? Un rattachement de l’enseignement supérieur à l’Éducation nationale ? Un rattachement de la recherche à Bercy ?
  4. Quelle politique envisagez-vous pour favoriser l’intégrité scientifique ? Cela implique-t-il une révision des modes d’évaluation de la recherche ? 
  5. Le crédit d’impôt recherche doit-il permettre la défiscalisation des entreprises ou contribuer à accroître l’investissement en recherche et développement des entreprises ? Comptez-vous le sanctuariser dans son fonctionnement actuel ou le faire évoluer en fonction de nouveaux objectifs ?
  6. Le modèle actuel de recherche dans les pays de l’OCDE (compétition, quantification, édition privatisée…) touche à ses limites. Êtes-vous favorable au maintien d’une politique d’alignement du système français sur ces « meilleurs standards internationaux » ou prendriez-vous au contraire le risque de l’expérimentation d’un nouveau modèle national ? Si oui, sur quelles bases ? Le cas échéant, vous prévalez-vous d’autres « standards internationaux » que ceux communément évoqués ?

IX. Démocratie, expertise et haute-fonction publique

  1. Quelle politique comptez-vous mettre en œuvre concernant le recrutement et la formation des hauts fonctionnaires ?
  2. Le titre de docteur ou d’ingénieur-docteur doit-il être exigé pour certains postes au sein de la haute fonction publique, de sorte à lui redonner les capacités d’analyse scientifique, de gestion et de logistique qui lui font défaut ?
  3. La formation des hauts fonctionnaires doit-elle inclure une étape de formation initiale indifférenciée dans un établissement ad hoc, ou être uniquement fondée sur l’expertise sectorielle ? Une formation disciplinaire à l’Université doit-elle être un préalable à l’accès aux concours de la haute fonction publique ?
  4. Comment entendez-vous combattre l’indifférenciation graduelle des sphères publique et privée au sein de la haute fonction publique (conflits d’intérêt, pantouflage, rétro-pantouflage, etc.) ?
  5. Comment entendez-vous réformer les agences d’expertise de l’État (agences sanitaires, Cour des comptes, France Stratégie, etc.) pour leur permettre de développer des approches plus scientifiques, et moins soumises au politique ?
  6. Comment entendez-vous réformer le secteur audiovisuel pour redonner un peu de place à l’intelligence et aux savoirs ?
  7. Comment entendez-vous contribuer à un renouveau démocratique de notre pays ? Par quels moyens garantir un débat public éclairé et pluriel ?